Témoignage d'instit appliquant le jeu dans son école

Je m’appelle JACQUES DAELEMAN et je suis enseignant primaire à l’Ecole SINGELIJN depuis bientôt 30 ans.

Il y a quelques jours, FREDERIC BIELIK m’a contacté pour savoir où nous en étions avec notre projet échecs à l’école. Le lendemain, il m’a contacté à nouveau pour participer à la réunion d’aujourd’hui. Ne pouvant être présent puisque parti en vacances, je lui ai proposé d’écrire mon témoignage après ces quelques mois d’initiation aux échecs. Ce texte me représente donc.

Origine du projet

Vers la fin de l’année scolaire passée, notre directeur, adepte de la « pédagogie active » et ne ratant jamais l’occasion de lancer des projets, nous a sensibilisé aux bienfaits de l’initiation aux échecs et de leur impact dans la construction des apprentissages et dans les prolongements qu’on peut en faire.

Il a donc organisé une formation fin août pour les titulaires désignés en P3, P4, P5 et P6 (les P6 se sont ajoutés en cours d’année) et pour tout autre enseignant, ce qui était mon cas.

Cette formation a donc eu lieu pendant 2 jours consécutifs et nous a apporté beaucoup mais en a effrayé quelques-unes…

Déroulement de la formation

Former un enseignant afin qu’il puisse lui-même former des enfants pour un jeu aussi complexe tient de la gageure.

Sur les 8 adultes que nous étions, seulement 2 savaient jouer ! Les 6 autres n’avaient jamais joué ou très peu dans leur prime jeunesse…

Mais Frédéric a très bien joué son rôle de formateur montrant beaucoup de patience et évoluant à petits pas pour ne pas dégoûter ses apprentis.

En deux jours donc, on a passé en revue toutes les pièces et les règles principales. Le matériel apporté était en parfaite adéquation avec l’activité et on peut dire que l’ensemble du groupe, joueur ou non, a apprécié cette formation et en a retiré tout ce qu’elle pouvait lui apporter.

Organisation du cours d’échecs à l’école

Je suis ce qu’on appelle « co-titulaire » à l’école, c’est-à-dire que je n’ai pas charge de classe. J’aide les titulaires dans leur classe, je fais des remédiations, individuelles ou par groupe, je remplace en cas d’absence, j’accompagne les sorties ou les classes vertes, et j’en passe. Mon rôle est donc très diversifié.

Comme cette année, nous avons le projet échecs et que la plupart de mes collègues ne se sentent pas capables d’assumer cette tâche, il a été décidé que je donne cours d’échecs 1 période/semaine dans chaque classe.

Etant donné qu’il y a 9 classes en P3, P4, P5 et P6, cela fait donc 9 périodes à assumer.

N’ayant jamais formé qui que soit (à part mes enfants) à ce jeu que j’adore, je me suis retrouvé là, à quelques jours de la rentrée, en me demandant ce que j’allais faire.

Déjà, il m’a fallu un certain temps pour me remémorer quelques règles oubliées (merci Fred pour la formation) mais en plus, me plonger dans celles que j’ignorais (merci le syllabus de Fred et internet). Cela m’a passionné !

À la rentrée, j’ai tout simplement mêlé improvisation et rigueur pour inculquer les bases du jeu. J’ai suivi quasiment à la lettre l’évolution décrite dans le syllabus de Fred en y mettant ma petite touche personnelle.

Toutes mes séances ont donc comporté des parties théoriques et des jeux.

Donc, je résume le 1er trimestre, en sachant que c’était chaque fois 1 h / semaine dans chaque classe :

-          prise de contact ; déterminer qui sait un peu jouer ou pas ; découvrir le jeu

-          découverte approfondie de l’échiquier

-          découverte de chaque pièce, son déplacement, ce qu’elle peut et ne peut pas faire (une pièce par séance !)

-          dans toutes ces séances, intégrer des petits jeux (pastilles…) ; ne jouer qu’avec les tours et le roi ; ne jouer qu’avec les pions…

-          découverte d’une partie (placer l’échiquier, placer les pièces, se saluer…) et jouer

-          après quelques séances, jouer avec des contraintes (obligation de faire un roque en moins de 8 coups, parties dictées, parties commencées à continuer, changement de partenaire et/ou de couleur en cours de partie…)

-          début de stratégies à partir de stratégies bien connues (le coup du berger, échec et mat en 2 coups, échec et mat en 8 coups…)

Durant le deuxième trimestre, nous commençons l’annotation des coups. D’abord libres, elles sont analysées ; puis, nous nous dirigeons vers des annotations plus courtes, plus normalisées pour en arriver aux annotations correctes, suivant le code des échecs.

J’ai aussi prévu de construire un jeu d’échecs géant dont les pièces seront les enfants…

Matériel à l’école (acheté en début d’année)

-          4 grands échiquiers aimantés (jaunes et bruns) + les pièces rouges et blanches

-          12 échiquiers classiques avec les coordonnées + les pièces pour chaque jeu

-          Les feuillets d’annotation des coups ainsi que les chronos sont encore à acheter

Impressions des enseignants titulaires de classe

Après ce premier trimestre, l’ensemble des avis est positif. Chaque enseignant est présent à chaque séance et y participe même activement, notamment en remplaçant un élève absent dans les parties.

Impressions des élèves

La grande majorité d’entre eux est ravie ! Ils râlent quand une séance est supprimée ou postposée.

Très vite, ils ont voulu faire des parties 1 contre 1 ; quand on les a commencées, autant dire que ce fut Waterloo : un vrai carnage ! Cela partait dans tous les sens : le roi se retrouvait très vite au centre, le cavalier qui se déplaçait prenait tout ce qui se trouvait sur son chemin et le pion prenait allègrement en arrière !

Finalement, au fil des parties et des nombreux rappels, les règles commencent à être mieux maîtrisées. Chacun a sa feuille récapitulative s’il le souhaite.

À la fin d’un WE et surtout après la St Nicolas et la Noël, beaucoup d’entre eux m’ont dit avoir reçu un jeu d’échecs et que c’était devenu un jeu familial. Tant mieux ! Certains sont vraiment des mordus et il y en a deux qui sont inscrits dans un club.

D’autres, peu nombreux, ne semblent pas accrocher et disent régulièrement qu’ils sont bloqués, qu’ils ne savent pas quoi faire.

Impressions des parents

Nous avons eu quelques échos, mais tous positifs.

Mes impressions

C’est une très belle expérience que j’apprécie beaucoup. Outre le fait de suivre et d’utiliser le syllabus de Frédéric, je vais souvent sur internet pour compléter mes infos, voir des parties entières ou des extraits. Avant d’enseigner ou de former des élèves, il faut vraiment maîtriser les règles et savoir mener une partie correctement.

Il faut aussi savoir se remettre à niveau quand on s’adresse à des P3 ou des P6. Ce n’est pas évident.

Pour les activités, je m’inspire de celles proposées par Frédéric mais aussi de ce que je trouve sur le net. J’en invente également de plus en plus. Par exemple, je dicte les 8 premiers coups d’une partie ; les élèves déplacent les pièces et continuent la partie jusqu’au final.

Ou ils commencent une partie et tout à coup, je les arrête et doivent tourner l’échiquier. Durant la même partie, ils doivent à un moment changer de table avant de revenir plus à la leur. C’est très amusant mais ça les surprend. Ils ont appris ce que veut dire le mot « frustration ».

En parlant de frustration, j’en vis moi-même deux dans le cadre de ces activités : d’abord je n’ai jamais assez de 50 min pour terminer ce que j’avais prévu, vu l’horaire. Ensuite, toujours pour les mêmes raisons, certains enfants ne savent pas terminer une partie et c’est dommage qu’il faille arrêter.

Projets futurs

  1. Jouer en plein air avec un jeu vivant (cf Organisation du jeu d’échecs géant)
  2. Achat de chronos (au moins 12)
  3. Organisation de petits tournois intra école
  4. Projection de petites vidéos (grands champions en match, comment se déroule une partie, la notation des coups,…

Bruxelles, le 12 janvier 2015
J. Daeleman

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